Les élèves de 3ème du collège de Saint Laurent de Chamousset découvrent le génocide perpétré contre les tutsis au Rwanda en 1994


Le vendredi 12 janvier 2024, l’auditorium de St Laurent de Chamousset a accueilli une journée complète consacrée au génocide perpétré contre les Tutsis au Rwanda en 1994. Cette journée s’adressait aux 80 élèves de 3ème du collège St Laurent dans le cadre d’un parcours intitulé « construire sa conscience citoyenne et son esprit critique » élaboré par les professeurs d’Histoire-Géographie-EMC, de lettres modernes et d’arts plastiques.

L’histoire a montré que, dans des contextes de crise, les populations sont sensibles à un endoctrinement reposant sur un discours de haine et menant irrémédiablement à des violences voire des tragédies telles que des génocides. Ce processus d’évolution d’une société libre et démocratique comme celle dans laquelle nous vivons actuellement en France et en Europe vers des régimes autoritaires, discriminatoires voire génocidaires est démontré clairement par les scientifiques qui collaborent avec le camp des Milles que les élèves de 3ème pourront visiter en mars prochain dans le prolongement de cette journée.

Partant de ce constat, il est donc apparu indispensable pour les enseignants, à travers ce parcours pédagogique, de placer au cœur de leurs enseignements la formation à l’esprit critique afin d’accompagner les élèves dans la perception du monde dans lequel ils vivent et ainsi construire leur opinion voire les inciter à s’engager pour des causes qui leur semblent justes, ce à quoi ils seront sensibilisés en littérature à travers l’étude d’œuvres dénonçant des violences de l’histoire et de biographies de personnes engagées comme Simone Veil ou encore en participant à un concours interne de plaidoyers.

Avant de passer à ce dernier volet de ce parcours et après avoir travaillé sur l’importance de s’informer correctement avec l’intervention de la MJC de Chazelles sur Lyon à partir de l’exposition « des-infox », cette journée a inauguré le deuxième axe de ce projet pédagogique, c’est-à-dire la découverte d’exemples dans l’histoire des conséquences de ces manipulations de l’opinion publique. Au sein des programmes d’histoire et de littérature, cela passe par la description du génocide des arméniens perpétré par l’Etat turc en 1915 ou de celui des juifs et tsiganes d’Europe commis par le régime nazi au cours de la seconde Guerre mondiale. Le génocide des Tutsis perpétré au Rwanda dont ont commémorera les 30 ans en avril 2024 illustre également de manière limpide ce processus qui mène au pire. C’est pourquoi il a fait l’objet de cette journée organisée en partenariat avec l’association Ibuka France et la Ligue de l’Enseignement, oeuvrant conjointement à la mémoire et au règlement judiciaire de ce génocide.


Cette présentation s’est déroulée en 3 temps avec 3 intervenants :  

Intervention de Mr Marcel KABANDA, Historien d’origine rwandaise, ancien consultant à l’UNESCO (organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture), expert au Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Co-auteur d’ouvrages sur ce génocide et Président de l’Association Ibuka France pour la mémoire du génocide des Tutsis. Mr KABANDA a ainsi décrit comment les opinions ont été endoctrinées par les colonisateurs européens puis le gouvernement rwandais pour générer une haine aveugle du groupe des Hutus en direction de celui des Tutsis qui composent la société rwandaise et créer ainsi les conditions des massacres de ces derniers. 

Cette première intervention a ensuite été suivie du témoignage de Mr Augustin BISETSA. Alors religieux, âgé d’une trentaine d’années au moment des faits, Mr BISETSA a ainsi raconté les atrocités qu’il a vécues dans la région de Gisényi au cours des trois jours qui suivirent le déclenchement du génocide le 7 avril 1994 et comment il est parvenu à échapper au meurtre, notamment grâce à l’aide d’un membre de la gendarmerie, institution pourtant partie prenante dans les assassinats. Il va sans dire que ce témoignage d’une valeur historique incomparable pour le travail de mémoire a profondément ému la jeune assemblée.

Après la pause déjeuner, la journée a été poursuivie par l’exposé de Mme Emma RUQUET, titulaire d’un master de droit pénal international et doctorante en droit humanitaire international, qui a consisté à expliquer comment la justice internationale et rwandaise s’est emparée du jugement non seulement des hauts responsables du régime qui ont provoqué et orchestré les assassinats d’un million de personnes mais aussi des centaines de milliers de civils hutus qui ont participé à ce drame qualifié de « génocide des voisins ». La journée s’est enfin clôturée sur des thèmes aussi cruciaux que la réconciliation, la résistance ou encore le rôle de l’ONU et de la France dans cette page dramatique de l’histoire.

Chacun conservera un souvenir marquant de cette journée, riche en échanges approfondis entre des intervenants qui ont su s’adapter à la jeunesse de leur public et des élèves qui ont manifesté une concentration et une maturité remarquables dans leur écoute et leurs réactions.

 

               Denis Ruquet